La bonne humeur regnait au depart de ce trek. Apres tout sur le papier cela semblait facile, 2 jours a 10km de marche chacuns, 1 jour pour le bateau et 1 dernier jour a 10km de marche pour atteindre la frontiere. La meteo se montrait clemente, le trek nous evitait un retour sur le meme chemin et un long et onereux voyage en bus.
De plus, les premiers kilometres du chemin nous gratifierent de quelques clairieres aux vues imprenables.
Mais la journee avancant, la difficulte se fit fortement ressentir. D’une part le poids de nos sacs nous fatiguait et maltraitait nos pauvres corps.
D’autre part le chemin etait dans le meme etat que de Cochamo a La Junta. Des tranchees de boues, des marais, des arbres abattus et d’enormes flaques nous ralentissaient considerablement, sans compter les quelques chutes que nous avons essuyees. Le tout en montee quasiment toute la journee.
Etant occupes a eviter de nous vautrer, nous n’avons malheureusement pas de photos temoignant de l’etat lamentable du chemin.
Autre detail penible, nos chaussures etant des chaussures de trails basses un peu fatiguees par 5 mois de voyages, nos pieds furent mouilles des les premieres heures et en continu jusqu’a la fin du trek.
Pour completer ce tableau de cauchemar, 4 rivieres a traverser dans la journee sans pont. Et j’ai bien dit rivieres pas ruisseau. Il fallait a chaque fois enlever les chaussures, marcher dans l’eau glaciale en evitant la chute, tout ca avec nos 20 kg sur le dos…
Malgre ces difficultes, nous avons tout de meme pu apprecier quelques splendides paysages sur le chemin.
Apres s’etre perdu une fois (signalisation quasi inexistante, merci maps.me et nos GPS telephones) et 8h de marche, nous sommes arrives a notre objectif du jour : El Arco. Une arche naturelle devant une cascade et au dessus d’une riviere.
Grace a cette petite ecapade, Steph a pu battre son record de ‘journee la plus dure de ma vie’ pour la 3e fois en une semaine …
Le camp au dessus du refuge d’El Arco est un petit bijou. Une plaine en hauteur cernee par la vue de massifs de Granit. L’euphorie d’etre arrives a surement deforme un peu mon jugement, c’est vraiment dommage que je n’ai pas eu la presence d’esprit de prendre des photos des montagnes environnantes.
Nous avons aussi pu faire un feu pour tenter de secher un peu notre equipement, car le lendemain rebelotte.
La journee suivante fut quasiment similaire, a part notre depart qui fut nettement plus matinal. Mais la boue etait toujours la. Une seule riviere a traverser, mais des pentes plus violentes a gravir. Le chemin nous a mene au bord d’un tres beau lac, le Lago Grande.
Le lac etait tres beau, mais le chemin autour assez penible, a cause d’une alternance montee descente assez frequente et violente.
Apres avoir longe la totalite du lac, nous nous sommes autorises une petite pause repas sur une petite plage, l’occasion d’apprecier l’atout principal de ce trek : la paix et la tranquilite. Nous avons croise entre 0 et 5 personnes par jour durant cette semaine, un veritable changement par rapport au reste de notre voyage.
Pour finir la journee, nous sommes passes a cote du cousin du lago Grande, le Lago Chico. Puis a cause d’une erreur sur notre carte et sur maps.me, nous avons passe quasiment 2h a chercher notre camping etape.
Mais une fois le chemin trouve, nous arrivions sur le paturage d’un vert intense et peuple de vaches menant a l’immense Lago Gormaz Vidal.
Le camping est situe en bord de lac. Il est gere par une famille possedant la ferme attenante et le bateau realisant la traversee du lac. Le plan initial etait de realiser la traversee du lac (15km de long) avec ce bateau, mais en arrivant les gerants nous informerent que le bateau etait en panne jusqu’a nouvel ordre.
Un peu abattus par cette nouvelle et cisailles par la fatigue de ces 2 jours intenses, nous ne firent pas long feu ce soir-la pour nous octroyer une bonne nuit de sommeil sans regler de reveil.
Le lendemain, au vu de la fatigue, des douleurs de chacuns et de la pluie incessante, une journee de repos fut decretee. Les stocks de nourriture pouvant supporter une journee de pause, mais pas plus. Toute la matinee a dormir, puis les proprietaire nous mirent a disposition une grange pour nous abriter de la pluie. Deplacer notre camp dans l’abris fut notre seule action constructive du jour.
Le reste de la journee fut passee a manger et regarder 2 films avec le PC de Steph, tous les 4 dans notre tente.
Une bonne nouvelle fit son apparition dans l’apres-midi, le bateau devait reprendre du service le lendemain. Nous avions rdv a 9h pour effectuer la traversee.
Au matin, nous nous sommes donc installes au bord du lac en attendant le bateau. Bateau que nous avons pu observer de loin pendant des heures mais qui ne s’est jamais approche.
A 13h nous decidons de nous separer de Louis et Juliette pour tenter la traversee a pied, nos stocks de nourriture ne nous laissant pas le choix.
A peine une demi heure plus tard nous tombions sur une petite ferme vendant du pain et du fromage. Nous en avons profite pour prendre un dejeuner a base de cafe, the, confitures et fromage maison en compagnie des sympathiques proprietaires.
Une fois rassasies et avant de nous remettre en route, je decidais de voir si je pouvais faire signe a nos amis pour les avertir qu’il pouvait acheter a manger. Et c’est la que j’ai vu le bateau arriver pour les recuperer. Pendant notre marche, Louis et Juliette avaient trouve les proprietaires du bateau dans une des fermes alentours et reussi a faire venir l’embarcation.
Heureusement, le conducteur du bateau nous a vu et nous a fait signe d’attendre son retour, l’embarcation etant deja pleine. 1h30 plus tard, nous embarquions pour realiser la traversee en compagnie de 3 etudiants chiliens de La Serena en vacances dans le coin.
Le lac traverse, nous rejoignions Louis et Juliette occupes a acheter 2 bieres dans une ferme et il ne nous fallu pas longtemps pour les immiter. Puis nous nous remirent en chemin pour environ 2h avant d’arriver au hameau de Torentoso, a environ 10km de la frontiere.
Puis apres avoir pose le camp et demarre un feu de bonne taille, nous avons savoure notre premier apero depuis bientot une semaine.
La soiree fut tranquille en compagnie de quelques randonneurs chiliens.
Le lendemain, 10km nous attendaient avant la frontiere. Le chemin etait plutot en bon etat et montait assez peu, mais il nous fallu composer avec une pluie incessante.
Puis nous sommes tombes sur la douane la plus petite que je n’ai jamais vu. Le douanier devant envoyer un mail a je ne sais qui avant de nous tamponner le passeport. En attendant la reponse, il nous a fait poirauter sous un porche de 2m carres sous la pluie.
Nous avons profite de ce temps pour casser une croute tant bien que mal, tout en entendant que le douanier au chaud a l’interieur se matait un petit film …
30 minutes plus tard, nos passeports furent tamponnes et nous nous sommes diriges joyeusement vers l’Argentine. Une petite heure plus tard nous traversions la frontiere physique.
A noter le passage de riviere en raft assure par un service municipal en attendant la construction d’un pont, l’ancien etant tombe dans la riviere.
Puis il nous fallu passer par les formalites administratives cote argentin, un peu plus legeres que cote chilien.
Une mauvaise surprise nous attendait ensuite car nous comptions faire du stop de l’autre cote de la frontiere. En fait il n’y avait qu’une piste en gravier, et durant les quelques heures passe a marcher dessus, pas une voiture en vue. La prochaine nationale etant situee a plus de 40km, ce fut le coup dur.
Apres avoir tente sans succes de sonner chez un loueur de cabanas, au vu de la pluie toujours battante, nous nous sommes resignes a camper comme des clochards dans un bosquet au bord de la route. Nos dernieres provisions y passerent ce soir la, le lendemain il nous faudrait absolument atteindre la civilisation !
Le lendemain, un coup d’oeil sur la carte nous appris que 10 km plus loin la route semblait devenir plus grande et potentiellement plus frequentee. Nous sommes donc partis a bonne allure en direction de ce point, sous le soleil, ce qui faisait du bien apres la journee pluvieuse d’hier.
Apres 2h de marche, nous tombions sur un camping, le patron nous proposa de nous amener a un arret de bus situe a 40km pour un tarif exhorbitant. Nous avons bien tentes de negocier, avec nos tronches desesperees c’etait peine perdue. Une autre personne nous proposa le meme tarif mais avec un depart 6h plus tard, nous avons donc finit par accepter l’offre de cet escroc. Divise en 4 le tarif restait tout de meme abordable.
45 minutes de pick-up plus tard, nous etions a l’arret de bus. Bus qui nous emmena a bon port quelques minutes plus tard pour une somme modique (nous etions a environ 60km d’El Bolson).
Depuis Puerto Varras, 9 nuits de camping et une frontiere traversee. A notre echelle ce trek fut epique. Ce fut rude mais une super experience.
Merci aux copains avec qui nous avons partage cette aventure. Si vous lisez ces lignes, sachez que le souvenir aurait probablement ete beaucoup plus mauvais sans votre bonne humeur, a bientot j’espere !
Prochaine etape, une bonne douche chaude, une pression, un burger et El Bolson !
One Comment Add yours